Zone euro et migrants : Macron et Merkel affichent leur unité

Emmanuel Macron et Angela Merkel sont tombés d’accord, mardi, sur la création d’un budget de la zone euro et sur le fait de trouver une réponse européenne à la question migratoire en soutenant financièrement les pays d’accueil.
Certains craignaient que la question migratoire ne renvoie aux calendes grecques la réforme de la zone euro. Angela Merkel et Emmanuel Macron, qui se sont réunis, mardi 19 juin, à Meseberg, près de Berlin, sont finalement tombés d’accord sur ces deux questions majeures qui agitent l’Union européenne.

La France et l’Allemagne ont proposé, mardi 19 juin, de mettre en place un budget de la zone euro à partir de 2021 pour un montant et un financement qui seront négociés avec les autres pays membres de la monnaie unique.

Le président Emmanuel Macron et la chancelière Angela Merkel ont également décidé de mettre en place à ce même horizon un filet de sécurité (backstop). Il pourrait être activé en dernier ressort en cas de faillite bancaire, si la contribution des créanciers privés ne suffisait pas, ce dispositif devant être rattaché au Mécanisme européen de stabilité.

Aucun montant cité

Emmanuel Macron a estimé que ce budget pourrait être financé par des ressources nationales ou une fiscalité européenne affectée. Angela Merkel a notamment évoqué une taxe européenne sur les transactions financières.

“Ce sont des réformes importantes, des engagements politiques que nous prenons ensemble (…) qui supposent un travail technique au niveau ministériel jusqu’à la fin de l’année, ensuite sans doute l’année suivante des changements de traités qui sont indispensables”, a indiqué Emmanuel Macron, qui a qualifié l’accord sur la zone d’euro d'”avancée historique”.
Jamais un accord franco-allemand n’avait été trouvé sur la zone euro.
Aujourd’hui, la France et l’Allemagne disent ensemble : nous voulons un budget de la zone euro !

17:14 – 19 juin 2018
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Le président français n’a cité aucun montant pour ce projet de budget, auquel l’Allemagne a longtemps été réticente, soulignant que ses modalités et son rythme de montée en charge seraient négociés avec les autres pays de la zone euro.

“La pire manière de le présenter serait d’avoir ficelé aujourd’hui tous les détails entre nous parce qu’à ce moment-là on multiplierait la capacité de nos partenaires à dire ‘je ne suis pas d’accord avec ceci ou cela'”, a-t-il encore dit. “Les réponses trop détaillées, lorsqu’elles ne sont faites qu’à deux et qu’elles concernent 19, peuvent être contre-productives”.

Renvoyer les migrants vers leur pays d’entrée de l’UE

Sur la question migratoire, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont une nouvelle fois exhorté leurs partenaires européens à apporter une réponse commune à la question migratoire à l’heure où l’Union européenne est traversée par de nouvelles lignes de fractures.

La principale annonce dans ce dossier concerne un projet d’accord entre plusieurs pays de l’espace Schengen visant à refouler tout demandeur d’asile vers l’État où il a été enregistré en premier.

“Nous allons travailler ensemble pour une solution intergouvernementale ou multi-gouvernementale avec plusieurs États membres qui sont concernés”, s’est engagé Emmanuel Macron. L’accord vise à ce que les demandeurs d’asile “puissent être repris le plus vite possible dans le pays où ils ont été enregistrés”, a-t-il ajouté.

La plupart des migrants arrivant en Allemagne ou en France sont à l’heure actuelle arrivés depuis la Libye via l’Italie, qui doit les enregistrer dans la base de données Eurodac. En vertu des règles européennes, c’est le pays d’enregistrement qui doit en principe traiter leur dossier d’asile mais depuis la crise migratoire de 2015, ce système n’est de facto pas respecté afin de préserver des pays comme l’Italie et la Grèce, principales portes d’entrée en Europe.

Cette question est centrale dans la crise gouvernementale allemande en cours. Et si les négociations évoquées par Emmanuel Macron devaient aboutir, elles pourraient permettre à Angela Merkel de la résoudre et d’éviter un éclatement de sa coalition au pouvoir depuis seulement trois mois.

“Nous sommes pour une action coordonnée, au niveau européen ce serait le mieux mais c’est très difficile, alors la coopération de certains pays doit être une option aussi”, a confirmé Angela Merkel, alors que nombre d’États membres, Pologne et Hongrie en tête, combattent les idées de partage du fardeau migratoire de la chancelière.

Elle a aussi appelé à une “hausse notable du personnel de Frontex”, l’agence chargée de la surveillance des frontières extérieures de l’UE et appelé au “soutien des pays les plus concernés”, citant en particulier l’Italie.

La possibilité de “mécanismes” pour bloquer la venue des migrants économiques dans les pays de transit vers l’UE comme la Libye a également été évoquée. Ils pourraient prendre la forme de centres sur place en Afrique du Nord, sous contrôle de l’ONU.

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