Au Venezuela, Maduro lance une nouvelle monnaie pour endiguer la crise

Face à l’hyperinflation qui frappe le Venezuela, et pour faire face à la grave crise économique qui touche le pays, Nicolas Maduro a décidé de réagir en lançant une nouvelle monnaie, le “bolivar souverain”. Une mesure aux effets incertains.
Frénésie d’achats, longues files d’attente dans les commerces et les stations d’essence… Les Vénézuéliens se préparent à l’arrivée lundi 20 août de nouveaux billets qui compteront cinq zéros de moins que les actuels.

La nouvelle monnaie, dénommée “bolivar souverain”, est censée mettre un terme à une inflation totalement hors de contrôle, projetée à 1.000.000% à la fin 2018 par le FMI. Selon l’institution internationale, le PIB devrait s’effondrer de 18% d’ici la fin de l’année.

Cette mesure permettra d’avoir “un nouveau système monétaire et financier stable”, selon le président vénézuélien Nicolas Maduro. Elle devrait surtout faciliter les opérations du quotidien, que ce soit pour les transactions bancaires ou les petits achats.

Un kilo de viande à six millions de bolivars

Pour faire ses courses, la population paie en effet en millions. Le prix du kilo de viande vaut près de six millions de bolivars, soit près d’un dollar américain. Les commerçants finissent même par peser leurs billets plutôt que de les compter. La limite par transaction a été fixée à 20 millions de bolivars.

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement du Venezuela prend de telles mesures. Dix ans plus tôt, en 2008, l’État vénézuélien avait déjà éliminé trois zéros en lançant le “bolivar fort”.
Avec la nouvelle réforme, le plus gros billet sera de 500 bolivars, équivalent à 50 millions de bolivars actuels (7 dollars au marché noir, la référence de facto). La pièce la plus petite sera de 50 centimes.

Le retrait de zéros de la monnaie fait partie d’un “plan de relance économique” qui comprend l’assouplissement du rigide contrôle des changes ainsi qu’un nouveau système pour le prix de l’essence, deux autres mesures qui devraient également entrer en vigueur lundi. Nicolas Maduro a annoncé vendredi 17 août la multiplication par 34 du salaire minimum. L’objectif reste toujours le même: trouver des liquidités.

Un appel à la grève de trois partis d’opposition

Selon certains experts cités par l’AFP, la mise en place d’une nouvelle monnaie pourra éviter dans l’immédiat un effondrement du système de paiement, mais aura des effets limités sur le plus long terme. Le directeur de l’Institut Econometrica, Henkel Garcia, cité par l’agence, estime que la durée de vie des nouveaux billets ne durera pas six mois.

La situation économique est dramatique. La production de pétrole, qui apporte 96% des revenus de l’Etat, s’est effondrée en dix ans, passant de 3,2 millions de barils par jour (mbj) en 2008 à 1,4 mbj en juillet.

Les pénuries alimentaires s’enchaînent et les produits de base sont épuisés. Sans compter le manque de médicaments dans les hôpitaux et d’électricité pour la consommation. La débâcle économique du pays aurait déjà fait fuir 1,6 million de Vénézuéliens environ depuis 2016.

La semaine du 20 août promet d’être tendue. Trois des principaux partis d’opposition du Venezuela ont appelé samedi 18 août à une grève à compter de mardi contre “des mesures désordonnées et irrationnelles, contradictoires et non viables, qui ne feront qu’accroître le chaos et la crise économique que subit le Venezuela”.

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