REVUE DE PRESSE FRANÇAISE A la Une: l’extrême droite fait son entrée au Parlement espagnol

En Espagne, on se réveille peut-être ce matin avec un léger mal de crâne. Certes, les Espagnols ont voté massivement hier pour des législatives anticipées. Certes, c’est bien le favori des sondages, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez, qui en sort vainqueur. Mais encore sans majorité pour gouverner. L’Espagne reste donc engluée dans l’instabilité qui caractérise sa vie politique depuis quatre ans maintenant et le début de la crise catalane.

Mais surtout, comme la plupart des médias ce matin, l’Express s’arrête sur la percée du nouveau venu. « Le parti Vox, pratiquement inconnu jusqu’à son irruption au parlement d’Andalousie l’année dernière, a fait ressurgir l’extrême droite dans un pays où elle était insignifiante depuis la mort du dictateur en 1975. »

Avec Vox, « la “nouvelle” politique a pris un sérieux coup de vieux », estime Le Figaro. Une « nouvelle politique », c’était en effet la promesse des formations qui avaient fait voler en éclat le bipartisme il y a quatre ans. A savoir Podemos à gauche, Ciudadanos à droite. Alors, au Figaro de commenter : « Au jeu du dernier arrivé, on risque toujours de se faire doubler par plus nouveau que soi. La nouvelle politique n’existe pas. Ce qui surgit parfois, ce sont des partis nouveaux qui font de la vieille politique. »

Derrière ces vieilles recettes, un nouveau visage : Santiago Abascal

C’est lui que l’on voit, tout sourire, sur la plupart des sites d’information ce matin. Le « conquistador macho de l’extrême droite », comme le qualifiait le journal Le Monde, a réussi son pari. Lui qui rêve de « faire revivre la grande Espagne », lui qui « veut montrer qu’il dégage assez de testostérone pour garantir l’unité du pays face à la menace des indépendantistes catalans », hier avec 10% des voix et 24 députés, a frappé un grand coup.

Alors oui, le score de Vox n’est pas aussi bon que certaines prévisions qui tablaient sur un « vote caché » encore plus massif. Ce sont donc d’abord des cris de « colère » et de « déception » qui sont montés hier soir de la place Margaret Thatcher dans le centre de Madrid où ses partisans étaient réunis, raconte La Croix. Mais il faut entendre cette foule qui ensuite a repris en chœur des « viva España », et ce refrain devenu leur hymne : « Je suis espagnol, espagnol, espagnol ! » Le ton est donné. « C’est le début d’une révolution, une révolution des gens normaux », se félicite même Ricardo, un ouvrier de 41 ans.

Et c’est une image à laquelle on était peu habitués. « Il y a six mois encore, l’Espagne était l’un des rares pays européens où l’extrême droite était absente du paysage, bloquée par une droite pour le moins conservatrice et prudente sur la remise en question des héritages franquistes », analyse LCI. Aujourd’hui, une digue vient semble-t-il de céder.

Avec cette percée historique en Espagne, l’extrême droite européenne est donc plus que jamais en ordre de marche

« L’Espagne a accroché hier soir un nouveau portrait dans la galerie des extrêmes droites européennes qu’on se surprend à visiter à quatre semaines tout juste des élections au Parlement de Strasbourg » écrit ce matin La Charente libre. « Santiago Abascal, leader de Vox et défenseur des grandes heures du franquisme, a rejoint Salvini, Le Pen, Wilders et quelques autres dans la nébuleuse qui tente de se former pour l’après-26 mai ». Partout, en effet, la stratégie est la même, le discours bien huilé.

« Rien de neuf sous les orangers de Séville » peste Le Midi libre. « La formation de Santiago Abascal ne fait qu’appliquer des recettes qui ont porté au pouvoir en Italie la Ligue du Nord mussolinienne de Matteo Salvini. Un mélange pas très frais de tapas et d’antipasti avec lequel il faudra compter aux élections européennes ».

De l’Italie à la France, pour l’accueil des réfugiés. C’est justement dans ce contexte qu’une deuxième marche de solidarité s’est élancée hier de Vintimille. Ils ont renfilé leurs chaussures de marche pour dénoncer la fermeture des frontières. 3 000 personnes vont se relayer sur les routes de France, du sud est au nord-ouest, en solidarité avec les réfugiés. Le point de départ, Vintimille, comme la ligne d’arrivée, à Calais, sont hautement symboliques. Deux points de passage sur la route des migrations, « deux points de blocage surtout », explique à France Bleu François Guennoc, de l’association Auberge des migrants qui organise la marche.

Pour La Voix du nord, « la question d’un accueil organisé et digne posée par les “marcheurs” solidaires se heurte toujours au refus obstiné de l’État de recréer un “appel d’air” à Calais comme à Vintimille. » En France, comme en Espagne ou en Italie, il y a fort à parier que le sujet continu d’occuper encore les débats dans la campagne des européennes.

Eux pourront enfin donner leur avis lors de ces élections, en France 5 342 détenus pourront désormais voter depuis leur prison

C’est le journal Libération qui revient aujourd’hui sur cette grande première. Une expérimentation qui concerne moins de 10% des prisonniers dans le pays, mais ils pourront donc s’exprimer, par correspondance, au sein même de la prison. Une avancée permise par la loi de réforme de la justice votée à la fin du mois de mars.

« Le détenu votant par correspondance sera alors extrait de sa cellule,conduit dans une pièce où il sera seul » explique Libé. « Il exprimera son choix qu’il remettra au greffe de l’établissement pénitentiaire qui, contre signature, le placera sous double enveloppe. (…) C’est moins sexy que de mettre soi-même son bulletin dans une urne, mais le résultat reste positif pour ceux qui n’ont jamais voté de leur vie », explique François Korber de l’association Robin des lois.

Le secret du vote est garanti, et surtout cela facilite la vie des détenus. Car le vote par procuration ou la demande de permission pour aller déposer soi-même son bulletin dans l’urne sont très durs à mettre en œuvre. Le dispositif testé pour les européennes n’a pas encore vocation à se systématiser pour tous les scrutins, mais le Ministère de la Justice l’assure, il « travaille déjà à un dispositif pérenne » pour permettre définitivement aux détenus de faire, malgré tout, leur devoir citoyen. L’un d’eux, condamné à cinq ans de prison pour violence, dit d’ailleurs au journal Le Monde : « Je ne votais pas dehors. Mais maintenant je vais le faire, parce qu’on se sent plus écouté, on se sent plus citoyen. »

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