Zimbabwe : deuxième jour de grève générale contre la hausse du prix de l’essence

La police zimbabwéenne a tiré des gaz lacrymogènes, mardi, pour disperser des manifestants dans le sud du pays, au deuxième jour d’une grève générale contre le doublement des prix de l’essence sur fond de pénurie de denrées de première nécessité.

Au lendemain d’une journée de manifestations meurtrières au Zimbabwe contre la hausse des prix du carburant décrétée par le gouvernement, l’armée et la police patrouillent les rues des principales villes du pays, où la tension demeure très vive. Les forces de l’ordre sont de nouveau intervenues, mardi 15 janvier, dans un quartier de la capitale Harare, ainsi que dans la deuxième ville du pays. Comme la veille, de nombreux manifestants ont envahi les rues de Bulawayo, considérée comme un fief de l’opposition au régime, et pillé des magasins en exigeant la démission du président Emmerson Mnangagwa.

Les banques, les écoles et les magasins sont restés fermés et de nombreux habitants de Harare se plaignent de ne plus avoir accès à Internet. Ce qu’a confirmé à l’AFP un opérateur téléphonique. “Les systèmes de télécommunications sont brouillés. Nous n’avons pas l’équipement pour le faire, donc devinez qui l’a fait”, a-t-il déclaré sous couvert de l’anonymat. De nombreux internautes zimbabwéens se plaignaient, mardi, de ne plus avoir d’accès normal aux réseaux sociaux.

L’autorité locale de régulation de l’Internet a toutefois démenti tout blocage. “Je n’ai pas été informé d’un quelconque problème”, a assuré son directeur général, Gift Machengele. “S’il y a un problème, je ne pense pas qu’il vienne de nous”, a ajouté M. Machengele.

Les minibus de transport public ne circulaient pas sur les axes qui mènent des banlieues de la capitale au centre ville et de nombreux magasins étaient fermés.
Tirs à balles réelles, selon des ONG

La police est intervenue lundi à Harare et à Bulawayo (sud) pour disperser des centaines de personnes qui avaient érigé des barricades et pillé des commerces, au premier jour d’une grève générale décrétée par le principal syndicat du pays. Les forces de l’ordre ont ouvert le feu à balle réelle contre les protestataires, selon des ONG, et ces opérations ont “provoqué des pertes en vie humaine”, a indiqué le ministre de la Sécurité Owen Ncube.

Le ministre, qui a renvoyé la responsabilité des violences à l’opposition et la société civile, n’a pas précisé le nombre de victimes décédées ou blessées. Au moins 200 personnes ont été arrêtées lors de ces troubles, a-t-il ajouté.

D’importants effectifs de l’armée ont pris position lundi après-midi dans les rues de Harare et Bulawayo. “L’ordre public a été restauré”, a assuré mardi matin sur Twitter le ministère de l’Information. “Nous présentons nos condoléances à ceux qui sont tombés, victimes du terrorisme, et qui ont perdu leurs proches.”

Appel à rester chez soi

La Confédération syndicale du Zimbabwe (ZCTU) a pour sa part réitéré, mardi, son appel à la grève, mais conseille aux citoyens de ne pas se rassembler dans les rues. “Nous demandons aux travailleurs et aux citoyens partout dans le pays de rester chez eux. Ne donnez pas aux violents l’opportunité de vous faire du mal”, a tweeté le syndicat. “Notre combat est juste, il faut des réformes économiques pour que les pauvres puissent survivre”.

Depuis près de vingt ans, le Zimbabwe traverse une grave crise économique et financière, étranglé par un manque criant de liquidités et une inflation galopante. Sa situation s’est encore aggravée ces derniers mois, provoquant des pénuries de nombreux produits de base, dont le pétrole.

Samedi soir, le président Emmerson Mnangagwa, au pouvoir depuis la chute de Robert Mugabe fin 2017, a annoncé la multiplication par deux et demi des prix de l’essence, dans l’espoir de réduire la consommation et les trafics liés à la dévaluation de la quasi-devise locale, les “bond notes”. En tournée à l’étranger, M. Mnangagwa a répété que sa décision d’augmenter les prix du pétrole était “nécessaire”.

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